Les tragédies de Sénèque, qu'elles aient été écrites pour être représentées ou pour être lues dans le cadre d'une lecture publique, visent à delectare (charmer) et movere (émouvoir). À cette fin, l'auteur exploite les divers moyens de la rhétorique pour composer une pièce où le héros, à la suite d'un crime dicté par la douleur et la rage, est transformé en monstre mythologique. Quels outils l'auteur latin utilise-t-il pour fabriquer cette ambiance que les élèves actuels ressentent encore et n'hésitent pas à qualifier de gore ? Quel dispositif de lecture peut exercer les élèves à, d'une part, percevoir ces éléments opérant essentiellement au niveau des sens et, d'autre part, à les définir, à les interpréter et à les évaluer afin d'aborder les textes antiques en langue originale par la pratique de la lecture littéraire ? Voilà les questions auxquelles cette contribution se propose de répondre par le biais d'une expérimentation menée avec des élèves neuchâtelois (Suisse).